La zircone, ce nouveau bio-matériau permet de réaliser des infrastructures blanches ou colorées, unitaires ou bridges jusqu'à 12 éléments en toute sécurité, ainsi que la réalisation de piliers d'implants. Son excellente biocompatibilité élimine tout risque de largage d'ions métalliques dans l'organisme. Sa parfaite résistance à la rupture, 4 fois supérieure à celle de l’alumine en fait le matériau de choix pour les reconstructions prothétiques sur pilier naturel ou implantaire.
A la recherche depuis des décennies d’un matériaux offrant résistance, biocompatibilité et esthétisme, l’industrie a enfin offert au dentaire un produit inégalé jusqu’ici. Que demander de plus ?
Comme on l’a vu, la seule alternative fiable au problème d’allergie, bimétallisme et cancérogénicité était jusqu’à maintenant l’utilisation d’un alliage unique riche en or. Sa mise en oeuvre artisanal, sa longévité en milieu buccal, sa fiabilité,…, ont fait leurs preuves et n’est plus à démontrer. Mais, ces alliages n’ont plus la cote depuis un certain temps. Des facteurs économiques ont joué en sa défaveur, surtout de par une trop grande fluctuation du cours des métaux précieux. Tant les dentistes que les patients et les prothésistes dentaires se sont engouffrés têtes baissées dans l’utilisation d’alliages bons marchés n’offrant pas les garanties souhaitées. Nous avons vu alors, ci et là, une panoplie d’articles dénonçant l’intolérance de l’organisme face à ces alliages non-précieux et même semi-précieux. La recherche c’est alors mobilisée pour trouver le moyen de se passer alliage métallique. Sans le savoir, tous les acteurs ont provoqué l’émergence de cette zircone.
Et pourtant, nous voici avec une matière qui offre certes toutes les garanties désirées, mais qui restera coûteuse ; essentiellement de par sa mise en œuvre et les investissements énormes qu’elle induit. Malgré une concurrence folle qui sévit actuellement dans le secteur, ce ne sera jamais un matériau « économique ».
La zircone, plus exactement : le dioxyde de Zirconium Tétragonal partiellement stabilisé à l’Yttrium est une céramique poly-cristalline pure de haute densité.
Son mode de fabrication et de mise en oeuvre fait appel à la CFAO. En effet, elle ne peut être mise en forme par une technique artisanale (pressée, barbotine, fronde…). C’est en 1993, que fut développée la zircone dite H.I.P. qui résulte d’une opération isostatique de compactation à haute température (H.I.P. : Hot Isostatic Pressure). L’amélioration des caractéristiques des poudres (degré de pureté, aptitude au frittage, granulométrie…) a joué un rôle décisif pour son utilisation médicale.
Il est à noter que l’usinage de la zircone HIP nécessite des machines puissantes. Le système DCS (distributed control system ), s’impose comme la solution technique prédestinée. Il se compose d’un scanner et d’une machine outil. Le scanner permet, grâce à son logiciel 3D, l’enregistrement de données numérisées des préparations prothétiques et la conception virtuelle des infrastructures, qui sont transmises à l’unité de production pour leur réalisation. Cette unité de fabrication assistée par ordinateur assure une constance de qualité et une adaptation parfaite de l’ordre du 10 microns.
Cependant, ces investissements ne sont pas à la portée des petites unités de production que sont la plupart des laboratoires dentaires. Nous voyons alors depuis quelque mois, de grosses entreprises qui ouvrent un secteur de production pour le dentaire et proposent, par le biais de la sous-traitance, la possibilité de réaliser ces armatures en zircone.
Cette évolution va se poursuivre vers un matériau de plus en plus performant ; une mise en œuvre de plus en plus automatisée, pour ne pas dire robotisée. Dans un certain avenir même, pourra-t-on se débarrasser totalement de l’artisan que nous sommes? La main du prothésiste dentaire remplacée, pour une bonne partie du travail, par la numérisation informatique.
C’est évidemment le secteur industriel présentant ce service qui va en retirer les bénéfices. Une fois le terrain élaguer, les petites productions éliminées, les quelques entreprises, autrement gérées que nos petits labos, qui resteront à la surface s’entendront en matière de politique des prix.
Voici donc une avancée technologique qui va provoquer, sans nul doute, de fameux bouleversements dans le monde dentaire et ce, dans tous ses aspects.